Autre style, autre intérêt auquel se mêle la surprise, et une sorte de jeu pour le visiteur, lorsque celui-ci se trouve devant les toiles de Ferreira-Rocha. S'il est né au Mozambique, il habite à Paris et voue une passion sans limite à l'espace, à un espace autre, sidéral, galactique, sorte de vertige informatique de la communication. Il travaille sur le temps : passé, présent, futur sont mêlés avec beaucoup d'astuce, et il faut regarder longuement ses tableaux, les voir à deux niveaux pour bien les saisir. A quelques mètres, un homme, une femme, enlacés, visiblement en état d'apesanteur (ce qui ne peut pas mieux tomber aux Mureaux, cité de l'Aérospatiale). Lorsqu'on s'approche de très près, on s'aperçoit qu'elles sont composées d'innombrables titres de journaux, symbolisant un passé toujours présent. Le futur et le présent deviennent histoire, la peinture accueille la presse, la littérature, ou la peinture elle-même, avec un détail des célèbres "Tournesols". La loi du temps n'existe plus, ou plutôt elle est remaniée par le pinceau de l'artiste. (…)

François LE HELLEY

in "LES MUREAUX – LE COURRIER", 7 fév. 1990

A la suite de Francisco Lebre de la galerie Magellan et de Jean Ohl, des affaires culturelles des Mureaux, le groupe des invités s'élançait sur le parcours des expositions : premières représentations du monde avec des cartes maritimes venues de Lisbonne, objets d'art, bijoux, mais aussi livres, poèmes de Pessoa superbement illustrés de portraits réalisés par les élèves, lithographies,… il y avait comme "un éclat de rire de jeune fille dans l'air du chemin"! Surprise dans la salle des tableaux, deux figures s'enlacent en pointillé sur des coupures de journaux. Baiser fou sur un titre à la une "Masson le rêveur insoumis", les immatériaux de Ferreira-Rocha sont comme un tendre clin d'œil à notre mémoire.

in "PARIS-NANTES", 6 fév.1990

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