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(…) "L'univers de FERREIRA-ROCHA jaillit comme rythmé par une horloge cosmique. Le regard du peintre se transforme en télescope, rappelant la découverte révolutionnaire d'un Galilée qui provoqua, inévitablement, une nouvelle perception du monde, un autre comportement à l'égard du monde. La technique traverse le corps, le pénètre, intervient dans sa manière d'agir, transforme son regard. Le peintre réussit à montrer sur la surface plane la complexité de l'image numérique ; il utilise le collage pour mettre en évidence le procédé de l'ordinateur qui opère un collage atomique à l'aide du "pixel" et du "bit". Le monde ne peut se réduire à la matière, il s'est immatérialisé, l'image est devenue numérique ; l'ordinateur traite des informations, il se passe des forces physiques, ce que semble souligner FERREIRA-ROCHA en marouflant des articles de journaux, sous les couleurs, sous le bleu astral de ses toiles.

Le spectateur perçoit à travers ce message sidéral l'aventure d'un regard différent, le risque inéluctable du tableau devenu écran ; il assiste à la perte de sa position confortable de sujet observateur, c'est-à-dire, de son "observatoire epistémique", comme le dit Edmond Couchot. Le spectateur se métamorphose en corps fluctuant et abandonnant la matière, repousse, simultanément, les lois de la pesanteur." (…)

Chaké MATOSSIAN

in "SEMANARIO", 11 mars 1989, Lisbonne